mercredi 5 octobre 2011

De Oaxaca aux Chiapas

Problème pour rejoindre Tuxtla Gutierrez : entre Oaxaca d'où nous partons et les Chiapas, cinq cent kilomètres de forêt tropicale et de montagne, traversés par des routes très incertaines par-dessus le marché. 
Un calculateur d'itinéraires routiers en ligne (que je ne citerai pas) nous conseille  même de rebrousser chemin vers Puebla et de prendre la cuota qui traverse l'état de Veracruz d'Ouest en Est. Un trajet de plus de huit cent kilomètres. 
Il est tentant d'emprunter la route la plus directe, qui longe le versant pacifique de l'isthme, d'autant qu'elle est riche en spots ornitho, mais nous ne parvenons pas vraiment à savoir si elle est complète. Le spectre des révolutionnaires zapatistes hostiles aux touristes de notre espèce, qui y seraient particulièrement actifs d'après nos guides touristiques, finit par nous en dissuader. 
Nous optons pour un troisième choix : traverser deux cent kilomètres de forêt et de montagne vers le nord et retrouver la cuota de Veracruz en son milieu. Temps prévu : environ huit heures. Nous partons aux premières lueurs, vers sept heures, et n'arriverons que treize heures plus tard, arrêts pipi, repas et quelques égarements notoires compris.

La première partie de la route n'est pas rassurante. Visibilité minime, route de montagne étroite et sinueuse. Cette maudite boîte de vitesses automatique n'arrange rien, mais la route n'en est pas moins superbe : de la forêt à perte de vue, des montagnes, des nuages... Quelques oiseaux traversent la route rapidement devant la voiture : un perroquet non identifié, Tangaras rouges et noirs, Parulines... Un Urubu à tête rouge particulièrement intrigué nous suit sur quelques centaines de mètres et vient cercler au-dessus de moi très bas. Un peu à contre-jour mais merci pour la photo plein cadre !
 
Urubu à tête rouge - Turkey Vulture
Tout aussi curieux, deux adorables Bruants roussâtres se postent sur le bord de la route pour nous observer.

Bruant roussâtre - Rusty Sparrow
Le grisant sentiment de perte que procure cette immensité sauvage est sublimé par l'incroyable chant des cigales locales. Il nous frappe de plein fouet lors de la première pause, après que les dernières notes de Liberation Music Orchestra ont résonné dans l'habitacle. Je regrette un peu de ne pas avoir pris plus de temps pour tenter un meilleur enregistrement, mais nous étions déjà inquiets de la distance qu'il nous restait à parcourir... Montez le volume néanmoins pour cet extrait (attention il y a du trafic, aussi) et j'espère que vous savourerez autant que moi ce son, qui peut évoquer une scierie à plein régime ou le sifflement amplifié d'une tuyauterie domestique en fin de vie. Délectable.



Plus de quatre heures après être partis, nous sortons de la forêt et commençons à infléchir notre route vers l'Est. C'est là que les vrais ennuis commencent, avec une signalisation lapidaire, un GPS au service minimum et des routes qui se dégradent à vue d’œil. Il y a de quoi paniquer lorsqu'il y a tant d'ornières qu'on ne peut pas rouler à plus de cinq kilomètres à l'heure et que les personnes à qui nous demandons notre chemin se contredisent l'un l'autre avec des moues sceptiques...

Soudain, nous retrouvons une route digne de ce nom... Il faudra attendre (et chercher) encore un peu avant d'être tout à fait rasséréné et de rouler à bonne allure vers Tuxtla. Il reste quatre cent kilomètres.

Revenons aux oiseaux. Après les tête rouge, les Urubus noirs se montrent à leur tour familiers lorsqu'ils viennent défier le trafic pour un mammifère écrasé. Une Buse à gros bec a aussi une idée en tête, à la manière dont elle survole l'endroit.

Urubu noir - Black Vulture

Buse à gros bec - Roadside Hawk

Peu avant de repiquer vers le Sud et les Chiapas, nous traversons des plaines humides qui nous donnent un avant-goût de celles du Yucatan. À chaque halte, quelques observations : Talève violacée, Grande Aigrette, Héron vert, Jacana du Mexique... Beaucoup de Sporophiles variables et leur chasse caractéristique faite de petits vols rigoureusement verticaux depuis leurs perchoirs. Une jeune Buse noire surveille une mare. Pour compléter la série de Buses, quelques Buses à gros bec (bien nommées Roadside Hawk en anglais) et une superbe Buse à tête blanche (Black-collared Hawk)...

Jacana du Mexique - Northern Jacana
Sporophile variable - Variable Seedeater

Buse noire - Common black Hawk imm.
 Pour couronner cette journée sur la route, la traversée de la retenue de Malpaso nous permet d'observer quelques Hirondelles à front blanc et nos premiers Pélicans bruns. Enfin à Tuxtla, le temps de trouver l'hôtel et d'aller manger. La pluie torrentielle qui tombe sur le toit en plastique du restaurant fait plus de bruit que les xylophones sur-amplifiés joués par les serveurs (une tradition locale, semble-t-il). J'en ai même oublié ce que nous avons mangé, alors que j'y prête en général une attention particulière. Pour la première fois du voyage, je suis totalement déboussolé.

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