samedi 4 février 2012

Liban octobre 2011 - première partie

Épervier d'Europe - Accipiter nisus
Peut-être que ma lenteur à relater ces observations datant de fin octobre dernier fera perdre un peu de sa saveur à ce billet, mais il reste néanmoins nécessaire (vis-à-vis de ce blog et de sa fonction), voire utile. Non que je me sente investi d'une mission particulière, mais la nature libanaise reste à ce jour très peu documentée sur Internet ; peut-être que certains lecteurs y trouveront quelques informations utiles.

Par ailleurs, j'espère ainsi participer, très modestement, à la lente prise de conscience nécessaire dans ce pays à propos de l'environnement et de sa préservation. J'ai beaucoup apprécié la parution sur Ornithomédia de deux articles consacrés à l'ornithologie au Liban : l'un relatant d'observations faites également courant octobre, l'autre traitant de l'inévitable sujet de la chasse. Si ce dernier, au demeurant très juste me semble presque optimiste, le premier est plutôt rassérénant. Ravi d'entendre parler, à défaut de les rencontrer, d'autres personnes qui, elles aussi, parcourent ce pays pour observer les oiseaux. En revanche, jaloux de certaines observations à côté desquelles je suis passé ! Comment cela "La route de montagne qui relie Bcharré et Baalbeck est le meilleur endroit pour observer le Roselin à ailes roses" ? J'ai bien vu les Chocards et les Grands Corbeaux, mais je suis passé de nombreuses fois, en diverses saisons à cet endroit sans soupçonner le moindre Rhodopechys sanguineus ! Par ailleurs, m'enhardirai-je à tenter l'expédition pour Ras Baalbeck lors de mon prochain voyage ? 

Revenons à mes propres observations. Je parlais de modestie, en voilà. Parce que, côté skywatch, grosse déception. Je savais bien qu'il était un peu tard (les vacances scolaires, bien que pléthoriques, ne nous laissent pas le choix dans la date) mais j'espérais encore voir passer quelques busards ou les derniers pomarins en me rendant à Bentael. Les seuls grands migrateurs notés, sur quatre jours, sont deux Pélicans blancs esseulés et quelques vols de Buses féroces. Point. Un vol d'une douzaine de rapaces distants (probablement des féroces) a entretenu mon espoir quelques jours supplémentaires et me poussa à prendre un peu d'altitude pour les prochaines sorties, vers Laqlouq, en vain.

Pélican blanc - bien seul !
Buse féroce - Buteo rufinus
Il a donc fallu se contenter des observations des locaux de service. Cette femelle d'Épervier d'Europe que j'ai vu chasser quotidiennement au-dessus de la réserve m'a même gratifié d'un vol de reconnaissance les yeux dans la lentille, pour les photos-souvenir.
Épervier d'Europe - Accipiter nisus
Épervier d'Europe - Accipiter nisus

Autres tronches familières : un couple de Tarier pâtre et une femelle de crécerelle. Le mâle de Tarier est bien timide, seule la femelle m'offre des photos présentables. Et avez-vous une idée de ce que peut tenir la crécerelle dans ses serres ?

Tarier pâtre - Saxicola rubicola
Faucon crécerelle - Falco tinnunculus
Sous un ciel désespérant, on en vient à regarder le sol, où sautent notamment des centaines de Truxales occitanes. Il y en a partout. Elles sont généralement bien plus petites que l'individu observé au mois d'avril dans la réserve. Sympathique aussi, ce criquet qui me souhaite la bienvenue en se posant sur le pare-brise.


Truxale occitane

Sypétrum sp.
Entre Bentael et Laqlouq, sur la route qui descend la vallée, Zein et moi manquons de peu de rouler sur ce courageux Caméléon. C'est la première fois que j'en vois, et je pourrais presque l'attraper. La photo n'est pas tout à fait à la hauteur de la rencontre, n'ayant pas eu le loisir de faire les bons réglages malgré la lenteur remarquable de l'animal.


Partout dans la montagne, les Pouillots véloces pullulent. Ils semblent à première vue éprouver un certain fétichisme pour ces élégants poteaux électriques en treillis métallique. À y regarder de plus près, on comprend mieux les raisons de leur fascination. Les deux premières photos ont été prises dans les arbres de Laqlouq, que l'Hypolaïs pâle de l'été a désertés.

Pouillot véloce



Pour finir, revenons à cette fameuse piste qui prolonge la route des cèdres de Bcharré (celle précisément où j'ai raté les Roselins). En montant vers le sommet, outre les crécerelles habituels, quelques Grands Corbeaux et Chocards (plutôt vus vers Laqlouq cette fois), de nombreux Pipits maritimes qui se nourrissent au bord de la route. Quelques traquets aussi. Mais s'agit-il d'isabelles ou simplement de femelles de motteux ? J'ai soudain quelques doutes en regardant la photo de cet individu au plumage un peu trop contrasté pour un isabelle. Ceci dit, pas vu un seul mâle de motteux dans le coin...

Pipit spioncelle - Anthus spinoletta
 


Traquet isabelle ou Traquet motteux ?
Dans un deuxième temps, je parlerai d'observations faites au niveau de la mer, près de Jbeil/Byblos. Restez en ligne. 

Merde alors, le Liban me manque !

mercredi 1 février 2012

Se les geler utile à Créteil

Une des toutes premières journées de beau froid sec de l'hiver. Il était temps ! Bien emmitouflé (que je crois), direction Créteil pour tenter de voir le Butor étoilé qui y est signalé.

Déjà passé par là vite fait dimanche, je ne m'attarde pas particulièrement sur les trois Garrots à œil d'or, toujours là. Les deux immatures présentent désormais des taches blanchâtres près du bec, signe qu'il s'agit de mâles. La femelle adulte complète le trio. Pas de nouvelles de l'Eider, qui aurait pourtant été vu...

Garrot à œil d'or

Sur la rive Ouest, quelques Pinsons des arbres viennent se nourrir au sol. J'observe deux Bruants des roseaux dans la roselière quelques minutes avant de me décider à sortir mon appareil photo. Hélas trop tard pour immortaliser la fuite du Butor étoilé devait se tenir immobile tout ce temps, à dix mètres à peine. Hélas, je ne le reverrai plus !

Pinsons des arbres
Je me console avec la charmante compagnie de cette femelle crécerelle, qui se poste sur les lampadaires en bord de chemin et chasse aux pieds des passants, sur la berge. Elle se laisse observer et photographier posée et en vol. On en oublierait presque le vent glacial qui souffle fort de ce côté-ci du lac. Après une grosse demi-heure, j'ai les doigts gelés dans mes gants et je reprends le chemin vers le métro. À croire qu'elle a pris goût à ma compagnie, car elle me précède de quelques mètres pendant quelques minutes.

Faucon crécerelle
 




Corneille noire

jeudi 5 janvier 2012

L'attaque des goinfres

Attraction hier après-midi sur le pont entre les îles de Bercy et de Reuilly du lac Daumesnil : à quelques mètres et à hauteur d'yeux, deux Perruches à collier (deux femelles) font un festin des cosses de l'arbre adjacent. L'occasion d'observer de près les envahisseurs verts, leur grosse langue rose et leurs mains à deux pouces.


 

Nullement dérangées le petit attroupement qu'elles suscitent, cris d'étonnement enfantins inclus, elles se prêtent au jeu des starlettes un bon quart d'heure, jusqu'à ce que le ciel ne menace sérieusement. Parce que j'ai l'air sérieux avec mes jumelles et ma grosse lentille, on me pose quelques questions, comment elles s'appellent, d'où elles viennent, si elles n'ont pas froid, si elles sont douées de parole...





mardi 20 décembre 2011

Enfin l'Eider !

Vexé de n'avoir pas vu l'Eider à Créteil hier, alors qu'il y est toujours signalé ce matin, j'y retourne. Le temps est nettement plus clément. Quelques bons degrés en plus et même une éclaircie de temps en temps.

Petite hésitation en arrivant au lac. J'ai l'intuition que l'oiseau fréquente les abords du rebutant bâtiment administratif aux vitres cuivrées, que je crois fermés aux piétons. À tort visiblement, puisque voilà un jogger qui longe la berge et passe la grille. Je jurerais qu'elle était fermée hier !

Je m'engage, ravi, sur le petit chemin et après cinquante mètres voilà l'oiseau. Bon ! 

Le sourcil blanc et la poitrine plutôt claire : il s'agit bien d'un jeune mâle. On est loin du plumage nuptial éclatant du mâle adulte, mais le profil est caractéristique.

Eider à duvet ♂ 1H
 


 

Le température douce me permet de rester l'observer un bon moment sans grelotter. Je guette les moments où la combinaison proximité - position - éclairement est optimale. Malheureusement il est difficile d'avoir les trois paramètres en même temps.

Un peu plus loin, la petite femelle de Canard à collier noir est toujours là. Trop de Bernaches et de Cygnes sur la rive, elle prend le large et pousse des petits cris à deux tons évoquant un peu celui de Sophie la girafe.

Canard à collier noir

En face, près des roseaux au bord de l'île, un Garrot à œil d'or, type femelle. Il est un peu loin pour déterminer s'il s'agit d'un jeune ou d'une femelle. Il finit par disparaître. Toujours est-il qu'il s'agit peut-être de l'individu (jeune mâle) ayant stationné quelques jours Canal Saint-Martin, il y a à peine un mois. Voici quelques photos que j'avais prises, par un bel après-midi d'automne.

Garrot à œil d'or imm




Une fois encore, moins spectaculaire que le mâle adulte, mais les occasions d'observer ces espèces dans d'aussi bonnes conditions sont rares.

lundi 19 décembre 2011

Picodrome se reprend

Bergeronnette de Yarrell

Cette Bergeronnette de Yarrell rappellera peut-être des souvenirs à mes plus fidèles lecteurs... S'il en reste encore, après deux mois sans nouveau billet !

Voici le moment de sortir de ma torpeur hivernale et de vous présenter mes plus plates excuses pour cette longue absence. Rassurez-vous cependant, elle ne traduit aucun désintérêt à votre égard, disons simplement que d'autres (pré)occupations auront pris le dessus ces derniers temps. D'ailleurs, j'ai au fond de mon disque dur un certain nombre de photos et d'observations à publier : la seconde partie de mon séjour au Mexique, un séjour au Liban fin octobre... Patience !

Revenons à cette malheureuse Bergeronnette, dépourvue de doigts à la patte droite. Pour compléter l'impression de déjà vu, regardez bien le pavage sur lequel elle évolue, au bord de l'eau. Il s'agit bien des berges du bassin au jet d'eau du Lac de Créteil. Et l'observation attentive de la photo que j'avais prise il y a presque un an au même endroit confirme mon intuition qu'il s'agit là du même oiseau observé alors : pas de doigts non plus à la patte droite ! Ce détail m'avait complètement échappé, comme il aurait pu m'échapper aujourd'hui sans les photos. L'oiseau ne semble éprouver aucune gêne de son handicap et marche comme n'importe quelle bergeronnette.

Bergeronnette de Yarrell

Il s'illustrera aussi par son vol et ses cris d'alarme au passage d'un mâle d'Épervier d'Europe. Sans trop savoir si c'est plutôt l'Épervier qui suit ou la Bergeronnette qui le précède, je les observe une bonne minute au-dessus du bassin avant qu'ils ne prennent leurs distances.

Épervier d'Europe et Bergeronnette de Yarrell


Au fait, qu'allais-je bien faire au Lac de Créteil par ce froid de canard ? Chercher, en vain hélas ! l'Eider à duvet signalé là deux jours auparavant et par la même occasion les Canards souchets signalés la veille. De ce côté-ci, la sortie est à marquer du sceau de l'échec. Seulement ce Canard à collier noir, échappé de captivité, pour apporter un peu de nouveauté et cette femelle de Nette rousse pour compléter le flashback. Pas même un milouin, il faudra bien se contenter à part cela des espèces les plus courantes.

Canard à collier noir

Nette rousse

Cygne tuberculé imm.
Pigeon domestique en plein bain de siège
Bernache du Canada
Un Grand Cormoran tente par tous les moyens d'avaler le fruit de sa pêche : un Chevesne (?) bien trop gros pour son gosier. Il finira par abandonner, certainement pour son plus grand bien. Un scène amusante comme seuls les oiseaux pêcheurs, de nature ambitieuse, savent nous gratifier.


Grand Cormoran

Je termine avec une photo prise deux jours plus tôt d'une espèce nouvelle pour ce blog : une Grive mauvis dans les platanes du Lac Daumesnil, sous un ciel encore bleu. Pas terrible, mais il s'agit de ma première observation de l'espèce à cet endroit (un groupe d'une vingtaine d'individus entre platanes et conifères à la pointe de l'île de Bercy).

Grive mauvis